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Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/65

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on les avait décorées pour l’illumination du soir précédent.

Les habitants avaient revêtu leurs plus beaux habits de fête et regardaient, d’un air réjoui et content, les nombreux étrangers qui affluaient dans leur petite ville.

Deux personnages surtout ont excité au plus haut point la curiosité des naturels du pays. Ce sont deux bons frères Franciscains, nu-pieds et tête-nue, qui apparaissaient, pour la première fois, au milieu des chapeaux haut de forme et des bottes vernies, devant les yeux ébahis des habitants de Valleyfield.

Jamais ces bons Franciscains n’ont eu autant de succès. On se pressait, on se coudoyait pour mieux les voir, et les suppositions allaient leur train. Je ne crois pas qu’à l’heure qu’il est, on soit définitivement fixé sur leur compte, et le souvenir de ces deux étranges apparitions demeurera, probablement dans l’esprit de tous, inséparablement lié aux grandes démonstrations du 9 juin 1892.

Il y eut bien encore quelque méprise comme celle, par exemple, de ma voisine à l’église, une bonne vieille, qui voyant l’abbé mitré de la Trappe, tout de blanc habillé, la figure ascétique, et dont la haute taille dominait au chœur, l’appelait « le Saint-Père. »

Mais il y avait tant de chanoines, de Dominicains, d’Oblats, d’abbés de toute sorte, qu’une méprise était bien excusable.

Quant aux bonnes religieuses, il y avait une si grande variété de cornettes, de petits et de grands bonnets, que — toujours pour me servir des expressions de ma bonne femme, — « il n’y avait pas moyen de les différencer. »

Vous ne vous attendez pas, je suppose, à ce que je recommence le récit des cérémonies du sacre.

Non. Les journaux, d’ailleurs, n’ont pas laissé à ce sujet la plus petite lacune à combler.