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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/139

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SIMILIA SIMILIBUS

Dans l’intervalle, Belmont et son camarade retourneraient de nuit aux nouvelles, par leur chemin dérobé, cette fois porteurs d’une dépêche chiffrée des ministres aux autorités fédérales, indiquant à l’armée de délivrance la route à suivre pour reprendre Québec par surprise et rendre ainsi à l’ennemi la monnaie de sa pièce.

Pendant ce temps-là, que faisait celui-ci ? À en juger par les allures plus abandonnées, pour ne pas dire moins brutales, des patrouilles qui parcouraient la ville en tous sens, et des soldats qui fumaient placidement leur longue pipe de porcelaine à la porte des corps de garde, et qui s’étaient mis en chemise à cause de la chaleur, on eût dit un certain relâchement de discipline.

De fait, les gens de la troupe commençaient à se dire entre eux que la population était déjà gagnée au nouveau régime ; aussi se donnaient-ils des airs de paternelle bonhomie. Ceux qui parlaient l’anglais ou baragouinaient le français daignaient s’arrêter pour faire un bout de jasette avec les passants ; d’autres allaient jusqu’à payer en monnaie sonnante une partie des marchandises dont ils se servaient largement dans les magasins.