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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/147

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Il avait bien des comptes à régler de ce côté-là, et en disant cela, sa pensée se reportait machinalement à cette sotte de Marie-Anne, qui avait eu le mauvais goût de préférer un petit journaliste de rien du tout à un particulier de sa taille, appartenant à une race supérieure. Il s’était laissé dire que les ingénues, en Canada comme en bien d’autres pays du reste, ont un faible très fort pour le militaire ; aussi se promettait-il de se payer un petit triomphe, si éphémère qu’il fût.

À la tête d’une trentaine de cavaliers qui se donnaient de faux airs de uhlans, il se lança au grand galop sur la route poudreuse qui lui était familière, s’arrêtant pour un instant dans chaque village, le temps de signifier au maire de l’endroit l’ordre de se tenir à sa disposition lorsqu’il repasserait.

Cette chevauchée échevelée, à travers un nuage de poussière, la vue de tous ces grands sabres battant au flanc des chevaux, de ces crinières hérissées en coup de vent, de ces naseaux fumants, de ces uniformes inconnus, il y avait certes dans tout cela de quoi produire quelque émoi parmi cette paisible population, plus ha-