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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/160

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mort qui suivit les derniers mots du prédicateur. Quelques femmes faillirent se trouver mal. Les vieillards sentirent bouillonner dans leurs veines un flot oublié de jeunesse. Les jeunes hommes auxquels s’adressait plus particulièrement cet appel d’en haut pâlirent un peu, mais redressèrent fièrement la tête, regardant droit devant eux, comme si une vision céleste leur apparaissait, sanglante peut-être, mais brillante, pour la première fois de leur vie.

Une autre apparition non moins inattendue les guettait au sortir de l’église.

Une demi-douzaine d’autos chargés d’une vingtaine de militaires casqués et armés venaient de déboucher avec fracas sur la place publique et s’était rangée à une certaine distance en face de l’église. Le chef apparent de la bande avait lui aussi appelé « Monsieur le maire », à qui il avait dit d’un ton péremptoire :

— Vous allez d’abord ordonner à votre monde de venir déposer entre nos mains toutes les armes à feu qu’il possède.

— Qu’est-ce qu’il y a ?… Qu’est-ce qu’il dit,