Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/159

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répartitions d’église, la dîme du curé, et que sais-je encore ? Mais, dites-moi, avez-vous jamais songé qu’il existe une autre taxe, bien plus dure, que vous n’avez jamais encore été appelés à payer ?… Vous me regardez avec étonnement ; vous vous demandez peut-être si je suis dans mon bon sens. Eh bien, oui, j’affirme que vous avez été jusqu’ici exemptés d’un impôt que bien d’autres nations versent généreusement. Pourquoi y échapperiez-vous plutôt que d’autres de vos semblables ? Qu’avez-vous donc exceptionnellement mérité du ciel pour qu’il vous épargne ce qui est le lot du reste de l’humanité ? Mes frères, cette taxe que vous n’avez jamais payée, êtes-vous aujourd’hui prêts à la verser ? Je vais vous la nommer : c’est l’impôt du sang ! »[1]

Et il s’arrêta comme s’il attendait une réponse.

Dire que ces quelques phrases, énoncées avec cette simplicité qui va droit au cœur, remuèrent profondément l’auditoire, serait banal.

Des sanglots étouffés rompirent le silence de

  1. Ce sermon a été prononcé un dimanche de janvier 1916, pendant la campagne de recrutement, par le curé d’une paroisse du bas du fleuve.