Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/167

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ceux qui l’écoutent itou ». Pour lui, « verser son sang pour la défense du sol », « mourir pour la Patrie », sont de belles phrases à panache, comme on en entend à l’Auditorium, le délicieux grand théâtre de Québec. Rien de plus.

Mais mettez-le une bonne fois, comme il arrive en ce moment, aux prises avec les austères réalités de la guerre, qu’il se voie soudainement menacé dans ses biens, dans ses libertés, dans ses droits, oh ! alors, ce n’est plus le même homme. L’agneau se métamorphose instantanément en lion rugissant.

C’est pourquoi, cet après-midi-là, malgré le ciel gris et la pluie fine et froide qui en dégouttait, les abords de la salle publique, transformée en bureau d’enrôlement, étaient encombrés d’une foule bruyante, animée, vibrante d’enthousiasme. On assistait à l’appel de la première classe, celle des hommes de dix-huit à trente ans, non mariés ou veufs sans enfants. On remarquait avec une visible satisfaction que bien peu des inscrits n’avaient pas encore fait acte de présence.

Naturellement tous n’y allaient pas avec le même élan. Il y avait des hésitants, d’autres