Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/168

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résignés, quelques-uns entraînés par l’exemple, pour ne pas passer pour des lâches, peut-être poussés par quelque dépit ou peine d’amour.

— Ce n’est pas bien drôle tout de même, disait l’un des sortants qui tenait son certificat d’attestation dans sa main, d’aller tout bêtement exposer sa vie à l’âge où l’on y a à peine goûté !

— Bah ! dit un camarade, on ne meurt qu’une fois, et encore seulement quand son heure est arrivée. Quand la tienne sonnera, prends toutes les précautions que tu voudras, il faut bien que tu avales ta langue comme les autres, dans ton lit comme ailleurs. Mourir pour mourir, n’est-il pas cent fois mieux de tomber les armes à la main au champ d’honneur ? Au moins on laisse un nom glorieux à sa famille.

— C’est pourtant vrai, je n’avais pas songé à ça, répondit l’autre.

Ce qui prouverait qu’un mauvais principe peut quelquefois servir une bonne cause. C’était peut-être la première fois que le fatalisme musulman venait au secours du gouvernement canadien. La recette est spécialement recommandée aux agents recruteurs de l’avenir.