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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/175

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sauteur — les sauteux comme on dit par chez nous. Les marchands en font un gros débit, et en gardent toujours des stocks considérables.

Cette fois, on en avait tendu une triple rangée sur tout un côté du village, car on s’attendait à la très prochaine visite d’une sorte de bétail nouvellement importé dans le pays.

Le télégraphe avait aussi joué et la petite garnison de la place avait reçu du renfort durant la nuit. Plus que cela : les jeunes recrues de la veille, qui avaient si vaillamment, sinon reçu, au moins administré le baptême de feu, avaient organisé entre eux un petit militarisme de leur façon.

Ceux à qui il manquait encore un fusil avaient passé la nuit à la forge, où les faulx qu’ils apportaient se transformaient séance tenante en armes horribles à voir, par un simple changement à l’angulation de la douille. Ce primitif outil champêtre, d’instrument de paix et de travail devenait ainsi l’un des plus formidables outils de guerre, ressemblant à s’y méprendre à l’arme favorite des Polonais de 1793. Ceux qui la portaient cette fois s’étaient romanesquement baptisés les Faucheurs de la Mort…