Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/177

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manque jamais d’arborer dans les grandes circonstances, prouvent assez qu’il a un passé ! N’a-t-il pas fait la campagne du Mexique sous l’infortuné Maximilien d’Autriche, n’a-t-il pas même servi le drapeau de la « Frrrânce » en Algérie ? De ces héroïques souvenirs lui vient sans doute ce tragique sourire qui flotte éternellement sur ses lèvres.

Orateur fougueux, quand il prend la parole, que ce soit devant un rassemblement populaire ou dans une paisible salle de délibération, c’est toujours sa grande voix des batailles qui tonne. Il faut l’entendre alors, car il a une manière à lui de rouler les r à faire vibrer les vitres. Ses deux gestes favoris consistent, l’un à empoigner nerveusement son impériale, l’autre à porter la main droite à son côté gauche comme pour mettre flamberge au vent ; alors, l’ennemi fuit en désordre.

Une âme héroïque comme celle-là devait souffrir le martyre dans un milieu prosaïque comme celui où elle avait pris corps dans un moment de distraction sans doute, et où l’on n’entendait parler que commerce de bois et de