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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/183

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l’un des côtés de la route. En apparence, c’était un inoffensif champ d’avoine mûrissante. Soudain, les épis dorés se transforment sous leurs yeux en curieux fers de lance, recourbés comme des cimeterres.

En réalité, c’étaient les Faucheurs qui les prenaient en flanc, à l’instant même où tous les fusils de la milice leur crachaient au visage. Une partie de la colonne d’attaque avait fait demi-tour et allait tirer presque à bout portant sur les porteurs de faulx, lorsqu’en avant de ceux-ci ils virent tout à coup se dresser une dizaine d’Allemands comme eux-mêmes, désarmés, mais levant les bras en l’air et criant avec un curieux accent : « Pas kapout ! pas kapout ! »

Les kaiserlicks crurent sincèrement que c’étaient leurs malheureux camarades de la veille que ces paysans armés de faulx de guerre avaient forcés de leur faire un rempart de leur corps. Ils hésitèrent un instant. Ce fut leur perte.

La tête de leur colonne se repliait en désordre sous la grêle incessante de balles qui leur venait du village, où les troupiers, bien abrités derrière leur barricade, pouvaient aveugler leurs adver-