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Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/184

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saires à découvert sur le grand chemin, sans trop de danger pour eux-mêmes.

Bientôt la débandade fut générale. Les survivants regagnèrent au pas de course leurs autos et leurs chevaux, qu’ils avaient laissés à quelque distance en arrière, abandonnant sur place quelques-uns de leurs blessés et de leurs bidons.

Mais, pendant que le bouillant Gontran de Saint-Denis bondissait d’enthousiasme en brandissant son épée et en criant : Victoirre ! — car c’était lui, on l’a facilement deviné, qui avait imaginé d’utiliser les uniformes des blessés de la veille pour travestir une dizaine de ses hommes — à sa voix de stentor répondaient au loin de hideuses clameurs de vengeance.

En effet, à cette même heure, dans la plupart des autres villages plus rapprochés de la ville, il se passait des scènes bien différentes ; et, lorsque la nuit vint, le firmament, aussi loin que portait la vue, apparaissait teinté de lueurs fauves qui avaient une sinistre signification. C’étaient des villages entiers qui brûlaient, exhalant çà et là dans l’atmosphère de repoussantes odeurs de chair humaine roussie.

Le numéro deux opérait !