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NUIT BLANCHE

sant de la malheureuse femme du peuple tombée sous la balle d’un assassin devant le grand portail de la Basilique, avec un petit enfant gémissant à ses côtés, la réalité se fit tout d’un coup jour dans l’esprit des spectateurs, qui s’étaient rués dans cette direction, au moment où la queue du mystérieux bataillon disparaissait dans l’ombre d’une rue voisine.

La réalité, c’est qu’on assistait à la troisième prise de Québec. Depuis plus de cent cinquante ans, pareil événement ne s’était pas vu. C’était une des plus terrifiantes pages de l’histoire du monde qui allait s’écrire avec du sang !

Oui, avec du sang. Car le dernier mot n’était pas dit : si cette fois un ennemi qu’on ne se connaissait pas, qu’on avait reçu à bras ouverts, hébergé, subventionné même, avait pu, par une ruse infâme, par un coup de main sans précédent, s’emparer de la place pour ainsi dire sans coup férir, et se rendre maître d’une population sans défiance, sans armes, sans direction, un pareil crime, comme celui de Caïn, crierait vengeance au Ciel. Il ne resterait pas impuni.

Ce n’était que le premier acte du drame.