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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/103

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1622. aout.

j’estois avec Toiras et Gamorini pour faire rompre un moulin quy estoit sur le fossé de Lunel, et quy retenoit l’eau dans ledit fossé, affin de la faire escouler et le mettre a sec, nous ouimes un grand bruit a la ville et vismes forces feux mis sur les murailles du costé de Cauvisson ; car nous ne tenions la ville assiegée que du costé de Marsillargues. Nous connumes aysement que c’estoit le secours quy estoit entré, et qu’en peu de temps les ennemis seroint sur nos bras par une forte sortie ; ce quy fut cause que je fis en diligence acheminer huit cens Suisses quy estoint campés proche de la tranchée, et les fis coucher contre la ligne de communication. Les ennemis ne manquerent pas a faire sortie ; mais l’impatience des Suisses quy se leverent trop tost, et leur fit connestre qu’ils estoint attendus, les fit tenir bride en main, se contentans de tirer forces mousquetades sans s’avancer autrement.

Nous attaquions un petit ravelin[1] quy couvroit le chasteau de Lunel, et les ennemis se doutans de ne le pouvoir garder non plus que le chasteau, firent un fort retranchement derriere ; de quoy nous estans apperceus par la poudre que le travail faisoit eslever, Gamorini fut d’avis de faire dans un pré a main droitte une batterie de quattre pieces quy verroit[2] le derriere de leur retranchement, ce quy fut le gain de cause ; car les ennemis se desespererent de pouvoir conserver Lunel.

  1. On a vu à la note 4 de la page 69 que le ravelin est un ouvrage de défense à angle saillant, que l’on appelle plus communément demi-lune.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : qui ruineroit.