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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/105

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1622. aout.

riots. J’eus ordre de me mettre dans la ville et d’y loger les gardes et Suisses suyvant la coustume. Je m’acheminay donc pour les y mettre, et vis forces soldats desbandés de tous regimens, et des lansquenets et Suisses comme des François ; ce quy m’obligea a faire retarder la sortie des ennemis jusques a ce que j'eusse fait voir a monsieur le mareschal le desordre que je voyois se preparer s’il n’y remedioit. Il me dit pour response qu’il n’estoit pas unenfant, et qu’il sçavoit son mestier ; que je donnasse seulement l’ordre necessaire pour le dedans et qu’il le feroit tel au dehors qu’il n’y auroit rien a dire. Je m'en retournay et fis sortir les ennemis avec tout leur bagage, puis fis entrer les gardes que je fis tenir en battaille, apres avoir garny la breche[1], les portes et les remparts, jusques a ce que les quartiers fussent faits, et fis fermer les portes sur moy. Il y eut quelque reglement en la sortie des ennemis jusques a ce que le bagage parut ; mais allors tous les soldats desbandés de nostre armée se jetterent dessus sans qu’il fut possible a monsieur le mareschal, ny a Portes, et Marillac, de les en empescher, et en suitte desvaliserent les pauvres soldats, dont ils en tuerent inhumainement plus de quattre cens[2], et

  1. Dans toutes les éditions précédentes il y avait : la Todeze.
  2. Le fidelle historien des affaires de France (Paris, Toussainct du Bray, M. DC. XXIII) prétend que les soldats de la garnison, en se retirant, avaient rencontré quatre cents hommes de Nîmes, que ceux-ci les avaient engagés à se jeter sur les troupes royales, et que les uns et les autres avaient été chargés à leur tour et taillés en pièces. On voit que Bassompierre raconte la chose tout autrement : la justice rigoureuse qu’il exerça sur les soldats de l'armée est la confirmation de son récit. Le duc de Rohan, dans ses mémoires, dit aussi que la capitulation fut violée par les gens