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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/126

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journal de ma vie.

personne se prendre mieux a nostre mestier ou il se portoit sans fard ny sans ostentation, et quy avoit un extreme desir de le bien apprendre : avesques luy furent tués Mr le marquis de Beuvron[1], tres vaillant seigneur, un jeune gentilhomme de Languedoc nommé Lussan que je vis fort bien faire aux Ponts de Sey[2], et le sieur d’Ouctot, lieutenant de la compagnie de Mr le Prince.

Quand les ennemis virent marcher les Suisses, ils songerent a leur retraitte. Aussy vindrent ils[3] en bon ordre marchans resolument, et sans marchander passerent le Merdançon et commencerent a monter au haut de l'aire Saint Denis. Les ennemis ne les attendirent pas jusques aux piques ; mais escarmouchas toujours de leur mousqueterie, se retirerent dans la ville et nous quitterent le champ[4] ou nous trouvames et retirames nos morts quy estoint, outre ceux que j’ay nommés, deux mestres de camp, Fabregues et La Roquette[5] quy furent tués d'abbord, et Combalet

  1. Jacques de Harcourt, marquis de Beuvron, fils aîné de Pierre de Harcourt, marquis de Beuvron, et de Gillonne de Matignon, né en 1583 ou 1585, avait été blessé l’année précédente devant Clairac et devant Montauban.
  2. Plusieurs historiens désignent ce gentilhomme sous le nom de Lussan l’ainé. C’était probablement un frère de Jacques d’Audibert, comte de Lussan, duquel il est parlé au tome II, p. 196 : ce dernier se maria en 1618 avec Jeanne de Grimoard de Beauvoir du Roure. ― Les précédentes éditions portaient : Cussau.
  3. Les Suisses.
  4. Il y avait aux précédentes éditions : le camp.
  5. Il parait probable que Bassompierre a écrit par erreur : la Roquette, au lieu de : Saint-Brest. En effet, Charles d’Aigrefeuille (Histoire de la ville de Montpellier), Michel Baudier (Histoire du mareschal de Toiras), et Simon du Gros (Histoire de la vie de Henry,