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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/155

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1622. octobre.

….[1] avec monsieur le garde des sceaux et Mr de Puisieux.

Comme nous entrions, monsieur le garde des sceaux me dit : « Je pensois, pour reconnestre les obligations que je vous ay, vous envoyer vos lettres parfumées[2] ; mais le roy me pressa par Beautru qu’il m’envoya hier au soir, [de les sceller][3], sy extremement que je n’en eus pas le loysir. » « Quelles lettres, luy respondis je ? » « Celles de mareschal de France, dont vous allés prester le serment. » Je fus bien estonné et aussy resjouy de cette nouvelle inopinée, et en mesme temps le roy dit ces mesmes mots :

« Messieurs, j’ay intention de reconnestre les bons et grands services que j’ay receus depuis plusieurs années de Mr de Bassompierre, tant aux guerres que j’ay eues qu’en d’autres occasions, d’une charge de mareschal de France, croyant qu’il m’y servira dignement et utilement. Je desire d’avoír vos opinions sur cela, pour voir sy elles se conforment a la mienne. »

Allors tous d’une voix me firent l’honneur de dire plus de bien de moy qu’il n’y en avoit ; et lors, sans me dire autre chose, il me prit par la main, et s’estant

  1. Ce nom, surchargé dans le manuscrit, est probablement : Fougeu. Les précédentes éditions portaient : Desfourneaux. ― Fougeu des Fourneaux, duquel il a été déjà parlé au tome II, p. 373, était frère de Fougeu d’Escures.
  2. « On dit figurément d’un don, d’une concession qu’on a faite de bonne grâce et sans qu’il en coûte rien pour les frais de l’obtention qu’il est parfumé. On lui a envoyé les provisions de cette charge, de ce gouvernement, toutes parfumées, pour dire, sans qu’il ait eu la peine de les demander, d’en payer ou solliciter l’expédition. » (Dictionnaire de Furetière.)
  3. Inédit.