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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/180

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journal de ma vie.

des graces, des honneurs et des privautés qu’il m’avoit faites, je luy demanday aussy pardon d’en avoir trop privement abusé, ce quy avoit fait croire que j'aspirois a la haute faveur, et obligé Mr le Prince de luy faire prendre garde que je voulois faire ses affaires ; que ce n’avoit jamais esté mon dessein, sy bien que Sa Majesté fit les miennes, et qu’il apparoistroit bien tost sy ç’avoit esté mon intention, car je n’irois plus entretenir le roy apres qu’il seroit couché, ny ne le verrois que pour luy faire la court comme les autres, et pour prendre le mot. Le roy me dit qu’au contraire il vouloit que je continuasse comme j'avois fait par le passé, et qu’il me vouloit faire de plus particulieres faveurs que jamais, lesquelles je luy dis que je n’accepterois pas.

Ainsy nous partimes le lendemain, Mrs de Chevreuse, de Chomberg, de Puisieux et moy, et le jeudy 29me decembre[1], ayant laissé proche de Berni[2] Mr de Puisieux quy fit beaucoup de protestations d’amitié a Mr de Chomberg en se separant, nous arrivasmes a Paris.

J’ay desja dit comme Mr de Chomberg avoit sceu la nouvelle de la mort de sa mere, ce quy l’obligea de ne se montrer a personne en arrivant a Paris, pour n’estre encores vestu de dueil, et de n’y faire sejour que d’une nuit. Estant arrivé en son hostel, il envoya Mr Mallier[3] trouver monsieur le chancelier quy

  1. Le même jour.
  2. M. de Puisieux était seigneur de Berny près Paris.
  3. L’auteur avait d’abord écrit ici le nom d’Endilly, qu’il a effacé pour lui substituer celui de M. Mallier. ― Claude Mallíer, seigneur du Houssay, était intendant des finances. De son