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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/188

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journal de ma vie.

La Vieville fut en supreme faveur et des lors pratiqua ouvertement ma ruine, ne m’ayant peu ployer a quitter mes amis, comme il m’en fit instamment supplier avant Nouel [precedent][1] et de me lier a luy d’une estroitte amitié.

Le roy en mesme temps donna les sceaux a Mr d’Alligre[2], lequel je ne laissay d’aller voir bien que je sceusse qu’il ne m’aymoit pas, et ce en compagnie de Mrs de Crequy et de Saint Luc. Il nous fit tres bonne chere, et a moy particulierement, de quoy d’autres quy l’estoint aussy venus congratuler estans esbahis, je leur dis tout haut : « Ne vous estonnés pas, Messieurs, de la bonne chere que me fait monsieur le nouveau garde des sceaux ; car je suis cause de ce que le roy les luy a aujourd’hui mis en main. » Il me dit lors : « Je ne sçavois pas, Monsieur, vous avoir cette obligation : je vous supplie de me dire comment. » « Monsieur, luy dis je, sans moy vous ne les eussiés pas eus aujourdhuy, mais des l’année passée » ; dont il se prit a rire et me dit qu’il estoit vray, mais que j’avois fait mon devoir ; car n’en ayant point esté sollicité par luy que je ne connoissois gueres, j’estois obligé de faire pour mon amy Mr de Commartin ; puis me dit qu’il me prioit de l’aymer, et qu’il me juroit devant ces messieurs qu'il seroit fidellement mon serviteur et mon amy, comme certes il me l’a depuis tesmoygné en toutes les occasions quy se sont rencontrées.

La foire de Saint Germain arriva puis apres, quy

  1. Inédit.
  2. Par lettres du 6 janvier.