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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/189

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1624. mai.

fut suyvie de deux excellens ballets que nous dansames avesques le roy le premier[1], et puis la reine, auquel se trouva le comte de Holland quy vint sonder le gué de la part du roy d’Angleterre, sy l’on voudroit entendre au mariage du prince de Galles son fils avec madame Elisabet[2] derniere fille de France.

Le caresme survint là dessus[3], auquel La Vieville montra au roy (mars) que je m’estois fait donner par la connivence du secretaire de la guerre, quy estoit Mr de Puisieux, vingt et quattre mille livres par an d’entretenement sur les Suisses, quy de droit ne m’appartenoint pas. Je demanday de remontrer mon droit en plein conseil, ce que je fis devant le roy une apres disnée, et La Vieville me voulant repartir, je luy lavay bien la teste. Neammoins mes estats demeurerent en souffrance.

Avril. — Le roy alla sur ces entrefaites a Compiegne ou je luy parlay deux fois sur mon affaire ; et en suitte luy ayant demandé moyen de l’entretenir (may) parce que je sçavois que La Vieville m'accusoit d’estre pensionnaire d'Espaigne, et mesmes avoit fait prendre prisonnier un nommé Lopes[4], Espagnol quy me hantoit, pensant trouver quelque chose contre moy

  1. Voir à l’Appendice. VIII.
  2. Henriette-Marie, et non Élisabeth. ― Les négociations longtemps suivies pour le mariage de Charles, prince de Galles, avec l’infante Marie-Anne, sœur de Philippe IV, roi d’Espagne, venaient d’être définitivement rompues.
  3. Le 21 février.
  4. Alphonse Lopez était un Morisque espagnol, depuis longtemps établi à Paris, où il mourut le 29 octobre 1649. Il se mêlait du commerce des pierreries et d’autres objets précieux. On peut voir son historiette dans Tallemant des Réaux (t. II, p. 187).