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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/201

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1624. décembre.

sant, s’estrangeroint du roy et se joindroint a son frere, puissant outre cela par un nombre d’enfans successeurs de la couronne par le manque d’enfans du roy.

Madame la Princesse prit tres bien mon conseil et le mit en mesme temps en pratique. Elle venoit tous les soirs cheux madame la princesse de Conty ou se faisoit l’assemblée, et montra tellement a un chascun de favoriser cette recherche qu’il fut aysé au roy d’en prendre ombrage et de commander au collonel de tascher de rompre cette pratique, comme il fit : et madame la Princesse trouva que mon conseil luy avoit esté profitable, et s’en alla trouver monsieur son mary en Berry (novembre), joyeuse d’avoir subtilement fait avorter cette recherche, et faschée du sujet de son voyage, causé sur la maladie de monsieur son fils[1] : et le roy revint a Paris peu apres (decembre), ou il y finit l’année 1624 pendant laquelle on avoit fait plusieurs pratiques pour faire porter le roy d’Espaigne a la restitution de la Valteline qu’il avoit en apparence resignée entre les mains du pape[2] ; mais en effet ils s’entendoint ensemble et ne la vouloint rendre[3]. Pour ce sujet la ligue arrestée pres de deux années auparavant entre le roy, les Venitiens, et le duc de Savoye, resolut de la ravoir a force ouverte et de faire

  1. Louis de Bourbon, duc d’Enghien, qui fut depuis le grand Condé, était né, en 1621, avec une constitution délicate : on l'élevait au château de Montrond en Berry.
  2. La résignation incomplète des forts de la Valteline avait été faite en mai 1623 entre les mains de Grégoire XV : Urbain VIII, Maffeo Barberini, avait peu après succédé à ce pontife.
  3. Il y avait aux précédentes éditions : et ne la vouloit rendre.