Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
journal de ma vie.

la mayson de Guyse, ils s’acqueroint bruit de probité dans le monde, de favoriser pour le bien de l’estat une affaire quy leur estoit sy prejudiciable ; que Monsieur leur en sçauroit gré, et que ceux quy y faisoint contre en seroint d’autant plus reveillés[1], voyant Mr le Prince desclaré en faveur du mariage ; que les seuls propos de madame la Princesse sur ce sujet devoint estre que ce seroit bien le plus avantageux pour eux que Monsieur ne se mariat pas, mais puis qu’en toutes façons cela ne se pouvoit empescher, qu’ils devoint desirer que ce fut a Madelle de Montpensier plustost qu’a toute autre, quy estoit sœur de Mr le prince de Jainville[2] son beau fils ; que par ce moyen cela les unissoit avec Monsieur et n’en faisoit quasy qu’une mesme famille, et que c’estoit la chose qu’elle desiroit le plus : ces propos donneroint[3] estoffe a la partie contraire de remontrer au roy et luy donner jalousie de cette trop grande association, que ce seroit rendre trop grand Monsieur, jettant entre ses bras les restes de la Ligue et la caballe de Mr le Prince, quy, ce fai-

  1. Les précédentes éditions portaient : reculés.
  2. François de Lorraine, prince de Joinville, fils aîné de Charles de Lorraine, duc de Guise, et de Henriette-Catherine, duchesse de Joyeuse, né le 3 avril 1612, mort à Florence le 7 novembre 1639. On voit que ce jeune prince était déjà considéré comme fiancé avec la fille du prince de Condé, Anne-Geneviève de Bourbon, née le 28 août 1619, qui devint la célèbre duchesse de Longueville. Villefore (La vie de Mme la duchesse de Longueville), et apres lui Cousin (La jeunesse de Mme de Longueville), disent que Mlle de Bourbon fut promise à l’âge de dix-neuf ans au prince de Joinville. Mais à l’époque où elle avait atteint cet âge, la maison de Guise était en pleine disgrâce, et le prudent prince de Condé se serait plutôt détourné alors d’une alliance précédemment projetée.
  3. Il y avait aux précédentes éditions : donnèrent.