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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/216

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journal de ma vie.

ter avesques des gens ny pour des gens quy ne tiennent, s’ils ne veulent, ce qu'ils ont promis. » Il s’opiniatra de me dire que, sy je voulois, luy et moy terminerions la paix, et que j'en eusse seulement le pouvoir de mon maitre ; que pour luy il l'avoit desja du sien. A cela je luy dis que je m’estimerois bien heureux de contribuer ce quy seroit de mon talent pour une sy bonne et sainte affaire, mais que je ne luy pouvois pour l'heure dire autre chose sinon que, s’il vouloit, je ferois sçavoir au roy ce qu’il m’avoit dit, et puis je luy rendrois response ; a quoy il s’accorda, et me pria que ce peut estre au plus tost : et ainsy les feux estans finis, nous nous separames. La reine mere se retira en son cabinet avec Mr le cardinal de Richelieu, ausquels ayant demandé audience je fis rapport de ce que l'ambassadeur d'Espaigne m’avoit dit, lesquels trouverent l'affaire de consequence, me prierent de l'aller dire au roy, feignant de ne leur en avoir point parlé, ce que je fis, et le lendemain ils me firent redire toute cette conference dans le conseil, ou il fut resolu que l’on me donneroit un ample pouvoir de traitter avec ledit ambassadeur : mais je le refusay sy on ne me donnoit Mr de Chomberg pour adjoint, ce que l’on m'accorda. Ainsy je fus rendre response a l’ambassadeur conforme a son desir, et primes jour au jour d’apres que le roy seroit arrivé a Saint Germain, pour nous assembler, quy eschéoit cinq jours apres ; car le lendemain il devoit partir de Fontainebleau. Monsieur l'ambassadeur ne manqua pas a l’assinnation que nous avions prise par ensemble, et fusmes cheux Mr de Chomberg plus de quattre heures a conferer, non sans grande esperance et apparence de