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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/217

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1625. octobre.

conclure une grande, bonne, et stable pacification entre les deux rois, quy estoit avesques des conditions tolerables pour nous. Il retourna le lendemain et continuames de telle sorte que nous esperions, a la premiere seance que nous aurions, de perfectionner nostre travail. Mais le jour d’apres il s'envoya excuser de venir, sur une maladie quy estoit survenue a sa femme, et de deux jours ne nous envoya rien dire, pendant lesquels Mr du Fargis envoya un courrier de Madrid par lequel il mandoit que le roy d’Espaigne avoit eu dessein de faire negotier la paix en France par son ambassadeur, mais qu’il avoit revoqué le pouvoir qu’il luy avoit donné, sans mander les causes quy l’avoint meu a ce subit changement. Sur cela le conseil fut d’avis que je m’en allasse a Paris, et que sur le pretexte de visiter l’ambassadrice malade, je taschasse de penetrer d’ou luy venoit ce silence et ce reffroidissement, ce quy ne me fut pas difficile d’apprendre : car il me fit de grandes plaintes du peu de confiance que nous avions eu en luy quy estoit fort porté au bien de la France et a l’union de ces deux couronnes ; que nous en fussions sortis a meilleur marché que nous ne ferions par le ministere du Fargis quy n’estoit pas assés fin pour tirer des Espagnols plus que luy ne nous avoit offert ; et plusieurs autres plaintes qu’il me fit en mesme substance, lesquelles je creus qu’il me disoit pour couvrir la legereté qu’il avoit pratiquée. Je fis rapport au conseil des propos qu’il m’avoit tenus, quy furent pris de la mesme sorte, parce que l’on n’avoit donné aucun ordre ny pouvoir au Fargis de faire aucune proposition n’y d’en escouter.