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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/292

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journal de ma vie.

par toute l’assemblée, quy me remercia de ce que j’avois sagement preveu un inconvenient auquel sans moy ils alloint tomber par inadvertance.

J’eus encores une autre fois lieu de parler contre un avis unanime donné au roy de deffendre a ses sujets de visiter aucun ambassadeur, different seulement par les prelats quy vouloint que le nonce du pape ne fut compris en ce nombre ; auquel je contrariay ouvertement, prouvant par vives raysons que l’on ne devoit point faire cette deffense[1].

Je ne mets point icy ce que je dis sur ce sujet, parce que les ambassadeurs le firent courre par plusieurs copies et en divers païs.

Cet hiver se passa a la foire de Saint Germain, et en deux grands ballets faits par le roy[2] et par la reine, avec d’autres passetemps, et ne se parloit que de joye en l’attente de l’accouchement de Madame, quy estoit fort grosse.

Bouteville en ce mesme temps, et selon sa coustume, se battit contre La Frette[3] quy eut avantage sur

  1. L'assemblée maintint néanmoins l’article résolu sur ce sujet par l’assemblée de Rouen, avec addition de ces mots : sans distinction d'ambassadeurs de qui que ce soit.
  2. Voir à l’Appendice. XII.
  3. Pierre Gruel, marquis de la Frette, troisième fils de Claude Gruel, seigneur de la Frette, et de Louise de Faudoas, fut capitaine des gardes du corps de Monsieur. La Frette avait appelé Bouteville par ressentiment de ce que celui-ci ne l’avait pas pris pour second dans son duel contre le comte de Thorigny. Il mourut en juillet 1656, et la Muse historique commença l'annonce de sa mort par les vers suivants :

    Le brave monsieur de la Frette,
    Dont jadis l'invincible brette
    Fut parmi toute nation
    En grande réputation...