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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/295

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1627. mai.

d'y construire un grand fort proche de Saint Martin[1] (outre celuy quy estoit desja parachevé, nommé le fort de la Prée) ; auquel ledit Toiras faisoit travailler puissamment et sans intermission, ce que les Rochelois considerans, et que le Fort Louis subsistoit sur leurs yeux, jugerent qu’ils estoint perdus sans ressource sy ce fort de Saint Martin se mettoit en sa perfection. Ce fut pourquoy ils firent instamment prier le roy de la Grand Bretaigne (par Mr de Soubise), de les assister et ne souffrir leur entiere ruine quy estoit evidente. Ce roy quy avoit toujours eu en singuliere recommandation les affaires de la Rochelle, comme le seul lieu duquel il pouvoit secourir et assister les huguenots de France, fit grande reflexion sur leurs instances, et animé par le duc de Bocquinguem quy avoit esté debouté de l’ardent desir qu’il avoit de venir en France, par ce que je luy en avois mandé de la part du roy, piqué[2] d’ailleurs sur certaines lettres que monsieur le cardinal et luy s’estoint reciproquement escrites[3], pensa, en faisant le service et suyvant les sentimens du roy, satisfaire aux siens et entreprendre une guerre qu’il vouloit faire suyvre d’une paix. Pour cet effet il fit un grand armement garny de tout ce quy estoit necessaire a une descente,

  1. Saint-Martin-de-Ré, ville principale de l’île de Ré, avec un port de mer.
  2. L'auteur ne s'est pas aperçu qu’il changeait de sujet sans avoir achevé sa phrase : c’est le duc de Buckingham qui était piqué.
  3. Ces lettres renfermaient certaines infractions à l'étiquette, suivies de représailles du même genre (Mémoires du comte de Tillières).