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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/297

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1627. juin.

(c’estoit un vallet qu’il connoissoit), et je vous manderay par luy l’estat de ma santé. Cependant hastés vous de partir. »

J'envoyay selon son ordre le lendemain matin pour sçavoir l’estat de sa santé. Mon homme le vit comme il montoit en carrosse pour aller a Villeroy[1], auquel il dit que je le vinsse voir le lendemain, et qu’il avoit eu une forte fievre.

Je m'y en allay comme il m’avoit mandé, et Mrs de Guyse, de Chevreuse et de Saint Luc voulurent que je les y menasse. Comme nous fusmes arrivés a Villeroy, Mr le cardinal de Richelieu (avesques quy j'estois un peu brouillé), sortit en la galerie, salua ces princes, puis me dit : « Le roy seroit bien ayse de vous voir ; mais il est en estat ou la compagnie quy est venue avesques vous le pourroit incommoder. Il luy a pris une grande sueur. C’est pourquoy je vous conseille de ne le voir point. Je luy diray que vous estes venu, et luy feray le compliment de la part de ces princes » ; lesquels ayant sceu l’estat ou estoit le roy, se contenterent d’avoir fait leur devoir sans desirer l’honneur de sa veue, et sur nos mesmes pas nous revinmes a Paris.

Je sceus en partant de Villeroy que Mr d’Angoulesme estoit en la chambre du roy : mais je ne m’amusay point a deviner pourquoy c'estoit ; en voicy la cause :

J'avois esté nommé par le roy son lieutenant general de son propre motif, ce quy n’avoit pas pleu a ceux de son conseil. J’avois de plus l’evesque de Mendes

  1. Villeroy était un magnifique château, situé près du bourg de Mennecy, dans l’arrondissement et canton de Corbeil.