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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/301

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1627. juillet.

en l’estat de maladie ou il estoit lors : mais en fin le roy commençant a se mieux porter, il en eut la permission, laquelle le roy (jalloux de la gloire que son frere y pourroit acquerir), envoya revoquer comme Monsieur fut arrivé a Saumur. Mais en fin, par l’intercession de la reine leur mere, le roy l'y laissa aller.

Je diray quelque chose en ce lieu de Monsieur sur le sujet de son remariement que la reine mere affectionnoit et desiroit de telle sorte que rien au monde ne luy estoit plus cher. Peu de jours apres la mort de feu Madame, une apres disner que la reine mere se promenoit a pié dans le bois de Boullongne, elle me commanda de la mener d’un costé a la place d’un de ses escuyers, et se mit a regretter la perte qu’elle avoit faite de Madame, sa belle fille, a laquelle elle sçavoit que j’y prenois bonne part. Monsieur arriva sur cela, que je n’avois point veu depuis qu’il estoit veuf parce qu’allors j’estois malade. Sa venue nous fit renouveller ce discours, et la reine sa mere luy dit qu’il n’y avoit que luy au monde quy fut capable d’amoindrir ou d’alleger le desplaisir qu'elle avoit, en luy rendant une autre belle fille. Il luy respondit qu’il la supplioit de ne luy point parler de cela ; que sa perte estoit trop fresche et son ressentiment trop grand. Elle luy respondit : « Mon fils, les choses quy importent tant au bien de l’estat, a vostre fortune, et au contentement de vos proches, ne se doivent jamais dilayer ; et puis parler n’est pas conclure et effectuer. Nous comptions tantost, Bassompierre et moy (ce qu’elle feígnoit pour entrer en discours, car nous n’en parlions point), les princesses quy sont maintenant en estat de se marier, tant en France que dehors : nous n’en trouvions que