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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/332

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journal de ma vie.

jusques apres qu’ils eurent passé le bourg de la Coarde[1] : car lors, a l’entrée d’une chaussée quy les menoit en leurs barques et roberges, comme ils commencerent a desfiler, le desordre s’y mit, chascun voulant passer le premier. Sur cela nos gens les chargerent ; de sorte qu’ils se noyerent quantité : quantité aussy furent tués, et les Anglois perdirent plus de douse cens hommes, morts ou prisonniers, entre lesquels fut, le millord Monjoye[2], et deux colonels anglois.

Le soir mesme il sortit vingt six barques de la Rochelle pour aller en Ré.

Le mardy 9me j’eus nouvelles de la deffaite par Beringuen[3], quy en alloit rendre compte au roy. Je passay en mesme temps en tres basse mer le canal de la Rochelle a cheval, et vins trouver le roy pour m’en resjouir avec luy. Beringuen luy dit que les ennemis avoint perdu, partie prises, partie jettées, trente quattre enseignes et cinq pieces de canon. Il me renvoya tost apres en mes quartiers ou je fis faire des salves generales, tirer tous mes canons plusieurs fois, et faire chanter le Te Deum à Laleu et au Fort Louis.

  1. La Couarde, village du canton d’Ars-en-Ré, que les Anglais traversaient pour se retirer en l’île de Loix, attenante à l’ile de Ré, où ils devaient opérer leur embarquement.
  2. Frère du comte de Warwick et du comte de Holland. — Voir l’Histoire du mareschal de Toiras ; la Deffaite entiere des Anglois et leur honteuse fuitte et retraitte de l’isle de Ré, ces nouvelles apportees aux Roynes par le sieur de Bellingant (Paris, Jean Brunet. m. cc. xxvii), etc.
  3. Henri de Beringhen, seigneur d’Armainvilliers et de Grez, fils de Pierre de Beringhen, seigneur d’Armainvilliers et de Grez, et de Madeleine Bruneau, fut premier écuyer de la petite écurie du roi, et chevalier des ordres. Il mourut le 30 août 1692, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans.