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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/337

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1627. novembre.

lit le lendemain dimanche 21me, pour m’acheminer a la garenne de Lafons avec deux cens hommes du regiment de Vaubecourt, deux cens Suisses, et vingt chevaux de la compagnie de la Roque Massebaut. J’emmenay aussy quattre de ces petites pieces que l’on nomme courtauds, avec de la munition, fascines, et outils necessaires pour travailler. Je trouvay la compagnie de Ruffec[1] quy estoit en garde proche de Lafons, que j’emmenai aussy quand et moy. D’abbord je fis deux fortes barricades aux deux chemins creux quy sont a gauche et a droitte de la garenne, quy se viennent joindre a trois cens pas de la porte de Coygnes, et fis avancer cent cinquante François, et autant de Suisses, assés proche de l’enfourcheure des deux chemins. Je mis les vingt chevaux de la Roque bien loin sur ma droitte et mes gardes encores apres, pour donner ombrage aux ennemis, en cas qu’ils voulussent sortir, que cette cavalerie iroit couper entre la ville et eux. J’en fis de mesme a la gauche de la compagnie de Ruffec et la fis suyvre par un petit gros de vingt et cinq volontaires quy m’avoint suyvy. Je mis Mr du Hallier avec les François, La Courbe avec les Suisses, et moy allois partout, cependant que nous travaillions a faire ce fort, que j’avois pris de quarante toises dans œuvre en carré sur le coin droit de la garenne dont les deux fossés me servoint. Les ennemis quy apperceurent que l’on les venoit entierement fermer par ce fort, sortirent mille ou douse cens

  1. Henri de Volvire-Ruffec, comte du Bois de la Roche, fils puîné de Philippe de Volvire, marquis de Ruffec, et d’Anne de Daillon du Lude, fut, comme son père, capitaine d’une compagnie d’ordonnance de cinquante hommes.