Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
journal de ma vie.

hommes [de la ville][1] pour nous en venir empescher ; mais voyant ces quattre gros de cavalerie qu’ils pensoint destinés pour leur empescher leur retraitte s’ils s’avançoint, intimidés par ces petits canonnets quy leur tirerent quelques coups, croyans aussy que je n’avois pas mis trois cens hommes a mes enfans perdus sans en avoir pour le moins quinse cens au gros, se contindrent contre leurs murailles sans nous venir incommoder, hormis de plus de quattre cens canonnades qu’ils nous tirerent, quy tuerent douse ou quinse soldats ou travailleurs. Cependant le bruit de ces canonnades fit venir a l’allarme quantité de noblesse du quartier du roy, que je fis mettre encor en deux gros de cavalerie, de sorte que les Rochelois me laisserent paisiblement travailler. La nuit je mis les regimens de Chastelier Barlot et de Ribeyrac dans ce fort, pensant qu’ils víendroint le mugueter[2], et cinquante chevaux sur les avenues : mais ils ne firent aucun semblant de sortir.

Mrs de Canaples et de Montjoye passerent le matin comme je commençois ce fort, et voyant que je n’avois quasy personne pour me soustenir, Canaples voulut faire arrester les huit cens hommes du regiment des gardes qu’il rammenoit de Ré. Mais je ne le voulus souffrir, et luy dis qu’il dit au roy que je luy tenois promesse, et que je n’avois pas outrepassé le nombre que je luy avois dit, et que s’il m’envoyoit un seul homme de renfort, que je quitterois tout[3].

Je pensois y coucher ; mais le mareschal de Chom-

  1. Inédit.
  2. Épier l’occasion de l’enlever.
  3. Voir à l’Appendice. XIV.