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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/357

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1628. janvier.

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Nous cessames nos travaux a cause du grand froid.

Blainville arriva ce jour là en mon quartier, que je logeay.

On pensoit faire entrer seise bœufs dans la Rochelle, quy furent pris par les gardes du Coulombier rouge du regiment de Ribeyrac.

Le mardy 25me le grand froid continua, et nos travaux cesserent.

Mr de Guyse vint loger en mon quartier. Il y eut allarme dans la basse marée au canal, quelques ennemis ayans fait semblant de sortir. J’y allay avec mille hommes suisses ou françois : Mr de Guyse y voulut venir, et, l’allarme cessée, me pria que je le menasse jusques a mes sentinelles plus avancées, ce que je fis sy bien que nous allames toucher une piece des ennemis qu’ils ont sur leur port pour couvrir une machine quy leur fait retenir l’eau de la haute mer dans leurs fossés, que l’on nomme le Larron.

Le mercredy 26me Mr de Guyse retourna au quartier du roy, sy enrhumé qu’il ne pouvoit parler ; et le roy luy ayant demandé d’ou luy venoit cela, il luy dit que c’estoit l’os d’un gigot de mouton dont je lui avois fait taster la nuit precedente (cette piece quy couvroit le Larron s’appeloit le Gigot de Mouton).

Le jeudy 27me janvier je passay en galiotte en Coreilles ou monsieur le cardinal y vint, quy me mena cheux le roy ou don Fadrique de Toledo eut audience. Le marquis Spinola et le marquis de Leganesse[1], son gendre, y arriverent.

  1. Jacques-Philippe de Guzman, marquis de Leganez.