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1628. mai.

roy, sept autres vaisseaux de cinq cens tonneaux de port et quarante et un petits vaisseaux de cent tonneaux en bas[1], tant bruslots que vaisseaux chargés de vivres, a ce que l’on pouvoit conjecturer ; ce quy nous donna une entiere asseurance qu’ils ne pourroint faire aucun effet et que nostre flotte estoit sans comparaison plus forte que la leur, parce que les roberges ny autres grands vaisseaux ne trouvoint pas assés d’eau pour entrer dans le canal.

Sur les sept heures du soir la flotte angloise s’approcha pour rader a Chef de Bois. Mais pour les en empescher je fis tirer de la batterie quelque cinquante volées de canon sur les vaisseaux d’avant garde, dont trois coups porterent dans le corps des vaisseaux et tuerent quelques hommes, et les autres dans les voiles ; ce quy leur fit prendre au large vers le pertuis d’Antioche[2] vis a vis du canal de la Rochelle, ou ils se mirent a l’ancre. L’armée navale du roy prit son poste[3] dans le canal entre les deux pointes, et on garnit l’estaquade des vaisseaux enfoncés du regiment de Chastelier Barlot de mon costé, et de celuy d’Estissac du costé de Coreilles. On mit aussy entre la digue et la ville trente six galiottes sur lesquelles on mit, outre l’ordinaire, vingt hommes sur chascune, pour empescher les sorties que ceux de la ville pourroint faire dans le canal. Je fus la nuit visiter nostre armée navale que je trouvay en tres bon ordre et bien animée au combat.

  1. C’est-à-dire : de cent tonneaux et au-dessous.
  2. Le pertuis d’Antioche est le passage de mer qui s’étend entre les iles de Ré et d’Oléron.
  3. Il y avait aux précédentes éditions : prit son camp.