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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/376

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journal de ma vie.

de Bordeaux)[1] et plusieurs autres, estans venus disner cheux moy, je les menay apres a la batterie de Chef de Bois sur le midy, auquel temps la flotte angloise parut aux Baleines[2], quy ayant esté apperceue par une sentinelle qu’a cet effet on avoit posée sur le clocher d’Ars en l’isle de Ré, Toiras en ayant eu avis envoya en toute diligence faire le sinnal dont j’estois convenu avec luy sur le fort de la Prée, quy estoit de trois coups de canon et d’une espaisse fumée. Je l’apperceus en mesme instant de la batterie de Chef de Bois ou j’estois avec ces messieurs, et fis faire aussy le sinnal pour avertir nos armées de terre et de mer, quy estoit de trois coups de canon de laditte batterie, et en envoyay donner avis a monsieur le cardinal (quy s’estoit venu loger de mon costé en un chasteau nommé la Saussaye a demie lieue de Lafons). Allors nostre armée navale, commandée par le commandeur de Valançay, se mit sur ses voiles s’avançant vers la pointe de Saint Blanceau. Sur les deux heures l’avant garde angloise parut vers Saint Martin de Ré. Le roy en fut aussy tost averty par monsieur le cardinal quy s’en vint a Coreilles avec luy pour voir venir l’armée navale des ennemis. Monsieur le cardinal alla loger a Netré affin de pourvoir a ce costé là. Toute la flotte quy marchoit en trois ordres estoit composée de cinquante deux vaisseaux, sçavoir quattre grandes roberges du

  1. Henri d’Escoubleau, quatrième fils de François d’Escoubleau, comte de la Chapelle-Bellouin, et d’Isabeau Babou, dame d’Alluye, d’abord évêque de Maillezais en Poitou, puis archevêque de Bordeaux après son frère, mourut le 18 juin 1645. — Le siége de Maillezais fut transféré à la Rochelle en 1648.
  2. A la pointe nord-ouest de l’île de Ré.