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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/109

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journal de ma vie.

hommes du regiment de Piemont avec lesquels j'envoyay les sieurs du Plessis Besanson et de Vignoles, avec ordre a tous quattre de me renvoyer de temps en temps des soldats pour m'aviser, et pour m’y acheminer sy un de ces cols me pouvoit estre ouvert.

Le vendredy dernier jour de may je demeuray a Beaufort attendant des nouvelles de ceux que j'avois envoyés reconnestre les passages. Ceux des gardes revindrent ayans trouvé le col de Cormette gardé par un regiment, quy estoit gardable contre tout le monde avec cent hommes seulement. Mr de Charros revint aussy ayant trouvé le col qu’il vouloit occuper, non seulement gardé, mais inaccessible. Quant aux deux autres, je n’en sceus rien ce jour là, et le prince Tomas pour tascher de descouvrir mon dessein prit l’occasion de me renvoyer une haquenée que j’avois prestée a Massariny en partant de Faverge.

J'avois avesques moy Mrs du Hallier et le commandeur de Valançay pour mareschaux de camp, et le marquis de Nesle que nous traittions quasy comme s’il l’estoit. Nous estions tous quattre ensemble en grand soucy de ce que nous pourrions faire pour passer, voyant les passages gardés de la sorte et la moytié de nos gens desjà revenus sans rien faire, quand, sur les onse heures du soir, un soldat du regiment de la Melleraye me vint dire de la part de son mestre de camp qu’estant arrivé au col quy luy estoit destiné le soir auparavant a l'entrée de la nuit, les ennemis quy n’eussent jammais sceu croire que l’on eut tenté ce passage, attendu que l'on voyoit venir ceux quy le voudroint entreprendre des le bas du mont, parce que le chemin est tout droit, qu’il n’y