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1635. avril.

nouvelle de ma sortie, et celles quy vindrent de la prise de Treves et de l’eslecteur[1] servirent de pretexte a ceux quy m’asseuroint de ma liberté de me dire que cette prise et l’arrivée de l’Oxenstern[2] quy se retiroit d’Allemaigne, donnoint tant d'affaires a monsieur le cardinal qu’il ne pouvoit penser aux miennes.

Ainsy je passay mes Pasques et mesmes Quasimodo sans sçavoir aucune nouvelle, hormis le lundy 16me que Mr le Prince, (lequel ayant esté mandé pour l'envoyer commander en Lorraine, estoit venu a la court deux jours auparavant), me manda que monsieur le cardinal luy avoit dit que l’on m’alloit faire sortir, et ce avec honneur, et les bonnes graces du roy.

Ce mesme jour monsieur le cardinal arriva a Paris, et Monsieur frere du roy, que l’on avoit aussy envoyé querir et quy estoit arrivé le jeudy auparavant, fut a la comedie, et a soupper cheux monsieur le cardinal, quy dit a ceux quy luy parlerent de ma part, que le lendemain il en parleroit au roy. Mais Sa Majesté partit le lendemain mardy 17me pour aller a Compiegne, et deux jours apres monsieur le cardinal s’y achemina.

[Le roy eut le 18me une assés grande sincope en partant de Senlis ; mais par la grace de Dieu elle se passa, et le roy se rendit ce jour là mesme a Compiegne, ou

  1. L’archevêque-électeur de Trèves, Philippe-Christophe de Sottern, s'était mis sous la protection de la France. Ce fut le 26 mars que les Espagnols, d'accord avec les Impériaux, s’emparèrent par surprise de la ville de Trèves, occupée par une garnison française, et enlevèrent l'archevêque, qu’ils retinrent prisonnier.
  2. Axel Oxenstiern, fils de Gustave Oxenstiern, baron, et de Barbara Bielcke, chancelier de Suède, né en 1583, mort en 1654.