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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/185

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journal de ma vie.

de se reconnestre et se mettre en estat de s'opposer a eux. Ils se rencontrerent encores en un lieu avantageux pour les Espagnols quy mirent une petite riviere devant eux ; mais nos armées l’ayant passée pour les aller attaquer, ils se retirerent et mirent la leur dans les villes de Brusselles, de Malines, et de Louvain. Les armées françoise et hollandoise vindrent assieger cette derniere quy soustint leur furie[1], les incommoda par de grandes et frequentes sorties ; mais elles le furent bien plus du manquement de vivres quy les contraignit de se retirer a Ruremonde, ayans esté incessamment suivies et harcelées par l’armée espagnole, fortifiée de celle que l’empereur avoit envoyée a son secours sous la charge de Picolomini[2]. De Ruremonde elles se retirerent vers Venlo, et peu de temps apres les Espagnols surprindrent le fort de Schench[3], quy fut une perte indicible aux Hollandois, quy les obligea de l'aller investir en diligence avesques nos deux armées, pensant le reprendre ; mais ayant trouvé l'effet impossible, ils mirent des le mois d’aust suivant leur armée et la nostre en garnison sans espoir de rien entreprendre le reste de l'année, et nostre armée extremement diminuée et desperie, n'ayant moyen de retourner en France que par mer. J'ay mis tout a la fois ce quy s’est passé en Flandres

  1. Le siége de Louvain fut entrepris le 24 juin : il fut levé le 4 juillet.
  2. Octave Piccolomini, troisième fils de Sylvius Piccolomini et de Violenta Gerini, depuis prince d’Empire et duc d’Amalfi, fut un des plus illustres généraux de la guerre de Trente ans. Né en 1599, il mourut le 16 août 1656.
  3. Le fort de Skenck, situé à la pointe de l’île de Batavie, que forme le Rhin avec le Whaal, fut pris le 28 juillet.