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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/230

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1637. mai.

leur asseurer la Valteline, et que pour ces deux forts du Steig et du Rein, ce n’estoit a autre intention que pour empescher les ennemis d’entrer en leur païs auquel le roy son maitre ne pretendoit autre chose que la gloire de l'avoir conservé contre ceux quy le vouloint envahir ; ce que les Grisons creurent, ou feignirent de croire pour quelque temps : mais voyant que Mr de Rohan s’y establissoit et qu’il ne faisoit point d’estat d’en sortir, ils commencerent a murmurer, disans qu’il n’y avoit plus rien a craindre, et que sy le roy vouloit les remettre dans la Valteline en leur consignant les forts qu'il y avoit, ils les sçauroint bien garder eux mesmes, comme aussy empescher que leurs ennemis entrassent par le Rein ou le Steig, sans que les trouppes françoises y demeurassent perpetuellement ; et qu’ils demandoint que le roy selon sa promesse leur ayant restitué leur païs, leur en laissat la libre et entiere jouissance. Mr de Rohan jugea bien qu'ils avoint rayson ; mais n'ayant point ordre allors de la leur faire, s’advisa d’une ruse quy depuis neammoins fut cause de sa ruine : il leur respondit donc que le roy quy n’avoit aucun dessein ny intention de s'approprier aucunes de leurs terres, n’estoit pas sans crainte que les ennemis n’y eussent leur visée, et que rien ne les retardoit d’en entreprendre l'execution que l'impossibilité qu’ils y rencontroint par la puissante opposition des armes de Sa Majesté, desquelles ils en attendoint la retraitte pour parvenir a leurs fins ; et que la perte des Grisons estant conjointe a son notable interest, il ne pouvoit aucunement consentir de mettre les choses a l’abandon pendant la guerre, mais bien faire voir aux