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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/234

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1637. mai.

et][1] un jour Mr de Rohan estant sorty de Coyre pour aller au fort de France, les Grisons prindrent les armes et vindrent au devant de luy comme il s’en revenoit ; ce quy l’ayant fait rebrousser dans ledit fort, quy n’estoit gueres muny de vivres, et les Suriquains quy estoint les plus forts dedans, peu resolus de se deffendre ; voyant aussy toutes les Ligues en armes, les Imperiaux et Espagnols sur leurs frontieres pour les secourir, le peu d'assistance qu’il pouvoit esperer tant des François que de leurs alliés, il fit un traitté avesques les Grisons de sortir de la Valteline et de leurs autres terres, pourveu que l’on asseurat le retour aux gens de guerre françois quy estoint dans leurs païs.

Sy la perte de la Valteline et des Grisons fut prejudiciable a la France, celle des isles de Saint Honorat et de Sainte Margueritte (que les Espagnols laisserent reconquerir aux François), leur sera une gloire immortelle. Car apres que l’on eut, l’année precedente, mis une flotte tres grande en mer, quy avoit heureusement passé le destroit, et abbordé aux costes de Provence, ou le roy avoit plusieurs regimens sur pié, au dessein de reconquerir ces deux isles ou les Espagnols s’estoint nichés et puis en suitte fortifiés avec tout le soin et l’industrie imaginable, la mauvaise intelligence des chefs de la marine (quy estoint le comte de Harcourt en apparence, mais l’archevesque de Bordeaux avoit le chiffre de la court, et on se reposoit sur luy de cette entreprise), et du mareschal de Vittry gouverneur de Provence, lequel mesmes vint des paroles aux

  1. Inédit.