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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/239

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journal de ma vie.

tunes a la France : l’une fut la retraitte que les Espagnols firent[1], abandonnans d’eux mesmes, sans y estre forcés ny contraints, les forts et lieux qu'ils avoint occupés ou construits sur la frontiere de Bayonne vers Saint Jean de Lus ; et la conjonction quy se fit le 10me octobre de l’armée du roy, quy (je ne sçay pour quel sujet), s’estoit divisée, en estant demeuré une partie a Maubeuge quy avoit esté prise par les nostres, et l’autre estant venue assieger la Capelle pendant que le prince cardinal infant revenu des prises de Venlo et Ruremonde s’estoit venu loger entre l’une et l’autre ; ce que j’attribue a la grande bonne fortune du roy : car probablement une des deux dittes armées françoises devoit estre taillée en pieces.

Ce mesme mois aussy, le 8me, se rendit la ville de Breda aux Hollandois apres six semaines de siege. Et comme ce mois fut heureux a la France, il fut malheureux pour mon particulier. Sur le commencement un maraud (que je ne veux nommer parce qu’il ne merite pas de l’estre), tint au roy un discours contre moy pour l’animer, et luy oster les racines de bonne volonté qu’il avoit pour moy dans son cœur (s’il luy en estoit encores resté). Je ne puis croire que l’on luy eut porté d’ailleurs, et moy je ne luy en avois jamais donné d'occasion ; au contraire il m’estoit obligé.

En suitte de cela un autre coquin, faux historiographe s’il en fut jamais, nommé Duplex[2], quy a fait

  1. Le 25 octobre.
  2. Scipion Dupleix, historiographe de France, auteur d’une histoire générale des rois de France, et de plusieurs autres ouvrages.