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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/248

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1638. février.

difficultés, de parler a luy sur ce sujet ; mais contre mon attente elle trouva son esprit sy aigry contre moy, sy fier en ses responses, et sy impitoyable, que je n’en fus pas moins estonné, qu’affligé de me voir, apres de sy longs malheurs, de sy petites esperances de les finir. Je me remis, et ma liberté, en Dieu, quy sçaura bien finir mes maux quand il luy plaira.

Or, a ce que j’appris, les traités de la tresve n’estoint pas sans fruit ; car elle fut en ce temps là sur le point d’estre conclue a ces conditions : qu’elle seroit pour quattre ans entre les deux rois, l’empereur, et la couronne de Suede ; que chascun retiendroit ce qu'il possede, hormis que les François rendroint Landrecy et Damvilliers, et le roy d’Espaigne le Catelet ; que la ville de Pignerol quy avoit esté retenue par le roy [contre le traitté de paix, sous pretexte d’un simulé achat fait par le roy][1] au duc de Savoye, et depuis fortifiée avec une extreme despense, seroit ratifiée par l’Espagnol, sans qu'a l’avenir, par aucun pretexte ou couleur, le roy d'Espaigne en puisse faire instance ou demande, approuvant la vente qu’en avoit faite ledit duc au roy, et que par mesme moyen aussy le roy tres chrestien remettroit es mains de la duchesse de Mantoue[2], au nom de son fils[3], le duché de Montferrat,

  1. Inédit.
  2. Marie de Gonzague, fille unique de François de Gonzague, duc de Mantoue, et de Marguerite de Savoie, avait épousé son cousin Charles de Gonzague-Clèves, duc de Rethelois ; ce prince étant mort en 1631, avant son père (le duc de Nevers devenu duc de Mantoue), le fils issu de ce mariage avait succédé directement en 1637 à son aïeul, et Marie de Gonzague était princesse, plutôt que duchesse, de Mantoue.
  3. Charles de Gonzague-Clèves, fils de Charles de Gonzague--