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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/250

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1638. mars.

nisons qu’il estoit contraint de tenir a Casal, et des continuelles apprehensions ou il estoit avec ses voysins quy y remuoint incessamment quelque chose. Cette tresve se traittoit a Romme, recherchée en apparence par tous les deux partis, grevés des infinies despenses qu’il leur convenoit faire pour cette guerre dont l’un ny l'autre n’esperoit pas retirer grand profit, et l’on estoit desja convenu du temps, quy estoit de quattre années, quand le 3me jour de mars la battaille de Reinfeld fit rompre ce projet, quy arriva en cette sorte[1] :

J’ay dit cy dessus comme le duc de Saxe Bernard de Weimarch (apres avoir consigné les forts du Rein a Manicamp), estoit venu prendre ses quartiers d'hiver aux Franches Montaignes qu'il avoit forcées et pillées, y ayant trouvé de quoy se resfraichir, et remettre en quelque sorte son armée. Mais comme ce pays est petit, il fut bien tost tary de vivres, ce quy contraignit ledit duc de penser a sa nourriture pour l’advenir, et ayant fait tenter le roy de luy donner quartier en Bresse, et en Bourgongne, on luy fit comprendre que l’armée de Mr de Longueville y pouvoit a peine trouver de quoy subsister, et que la sienne estant destinée pour faire teste aux ennemis du costé d’Allemaigne, il feroit mieux de chercher sa subsistance en lieu quy luy fut quand et quand conqueste. Il se trouva qu’en ce mesme temps il luy fut proposé par le colonel

  1. Le lundy 2me (1er) j’ay esté accusé de plusieurs choses par un pendard nommé la Roche Bernard, fils d’un jardinier de Saint Germain, prisonnier a la Bastille, par une lettre qu’il a escritte contre moy a Mr de Chavigny.
    (Addition de l'auteur.)