Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
journal de ma vie.

Ce mesme mois je descouvris la volerie qu’une personne[1] a quy j'avois fait du bien avant mesmes que de le connestre, de quy la meschanceté et l’ingratitude a esté sy grande que, m’estant fié à luy, et donné ma procuration, tant pour gouverner un peu de bien et d’affaires que j'avois en Normandie, et pour convenir avec une personne a quy je devois, il s’est entendu avec cette personne et m’a trompé de plus de vingt cinq mille livres qu’il s’est appropriées, et ayant receu sept ans durant mon revenu, ne m’en a jamais fait toucher un sol. Dieu me donnera la grace de luy en faire un jour rendre compte[2].

Ce mesme mois les huit et trois millions de rente constituée sur les aydes et gabelles de France ne s’estans payés plusieurs quartiers auparavant, esmeurent les rentiers a faire instance au conseil pour leur payement ; ce qu’ils executerent plus chaudement et avesques plus de bruit que le conseil du roy ne desiroit, et en suitte se retirans de cheux le chancelier, ils rencontrerent Cornuel l'intendant[3] quy entroit cheux le surintendant, lequel ils poursuivirent avec injures,

  1. Il faudrait : d'une personne ; la phrase, telle qu'elle est écrite, n’est pas terminée.
  2. Il doit être question ici d'un sieur de Chaumontel, dont l’auteur parle encore une fois dans la suite de ses mémoires. Ce personnage est appelé dans l'inventaire du maréchal : « Pierre de l'Escuyer, escuyer, sieur de Chaumontel », et dans une pièce relatée par le même inventaire, le maréchal dit : « J’ay en Normandie des petites terres, a sçavoir Chantelou, le Plancher, Livarot, et le grand herbage du Thil en Bray quy sont enfermez quelque 4000 l. et l'Escuyer a soing de ce petit bien la et m'en rendra compte. »
  3. Claude Cornuel, intendant de finances, fut contrôleur général et président de La chambre des comptes.