Aller au contenu

Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
1639. aout.

la place et se retireroit a Veillane, ce qu’elle fit le mesme jour, et eux se preparerent a faire le lendemain une tres grande sortie sur la ville par deux endroits. Mais comme les ennemis avoint eu sept jours de temps pour se retrancher, il leur fut non seulement inutile, mais dommageable de l’executer ; car ils y perdirent quantité de braves hommes sans aucun effet. Ils firent encores une autre attaque a deux jours de là aussy infructueusement, ce quy fit que, perdant l’espoir de reprendre Turin, estans campés en un tres mauvais lieu ou il n’y avoit point d’eau, leurs forces n’estant egales a celles des ennemis et desperissant tous les jours par les maladies, ils quitterent le dessein de Turin pour penser a faire une treve quy leur donnat moyen de secourir Casal quy estoit pressé, quy fut conclue pour deux mois, a commencer le 24me jour de ce mois ; mais, contre l’attente de ceux quy contracterent cette treve de la part du roy, s’apperceurent bientost qu’elle avoit esté faite a leur dommage ; et les ennemis nous voyans foibles en Italie, ne se soucierent point de la bien observer, et les Espagnols, selon leur coustume, n’observent leur foy qu’autant que leur advantage y est meslé avec. Ainsy ils ne voulurent souffrir, selon ce qu’ils avoint accordé, que six cens malades fussent tirés de Casal, et que l’on mit en leur place six cens autres soldats sains, et traitterent sous main avec le commandeur de Sales gouverneur de Nice[1], de rendre la ville et le chasteau au prince cardinal, et ce bon et devotieux chevalier, persuadé qu’il y alloit de sa conscience, la luy

  1. Un frère de saint François de Sales.