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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/323

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journal de ma vie.

la mauvaise fortune : je ne receus aucune response de mes deux lettres escrittes a Mr des Noyers, non plus que de celle que j’avois envoyée audit Mr des Noyers pour envoyer a Erlach, ne sçachant mesmes sy elle luy a esté rendue, mes premieres lettres ayant esté escrittes le 22me du mois, et cette derniere le 24me[1].

Le roy continua son voyage vers l'Italie, passant a Langres ou il sejourna[2] : de là il vint a Disjon ; puis estant arrivé a Chalons sur la Saone[3], il tomba malade, eut une forte fievre accompagnée d’un grand desvoyement ; mais comme Sa Majesté est d’un fort temperament et que Dieu a un soin tres particulier de sa conservation pour le bien de la chrestienté, il fut assés tost guery et poursuyvit son voyage.

Septembre. — Il m’arriva au mois de septembre un accident quy est ridicule de le dire seulement, et honteux a moy de l’avoir ressenty de la sorte, mais quy m’a esté beaucoup plus insupportable que plusieurs autres plus importans que le cours de ma vie m'a fait recevoir. J'avois un petit levrier quy n’avoit pas plus de demy pied de haut, nommé Medor, de poil isabelle et blanc, le mieux marqué du monde, estant proprement comme ces beaux chevaux hauberes[4], lequel estoit le plus beau, le plus vif, le plus joly et aymable chien que j'aye jamais veu : ma vieille chienne Diane que j’avois fort aymée, l’avoit fait envi-

  1. Voir à l’Appendice. Lettres inédites et autographes. IV.
  2. Du 25 au 29 août.
  3. Le 4 septembre.
  4. Cheval aubère, cheval dont le corps est recouvert d’un mélange de poils rouges et de poils blancs, la crinière et la queue étant de même couleur ou de nuance plus claire (Littré).