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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/322

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1639. aout.

devoit faire sçavoir sa bonne volonté, l’autre luy dit qu’il estoit destenu d’une paralysie dans le lit, duquel il ne sçauroit sortir d’un mois ny peut estre de deux ; mais que sy Dieu luy faisoit la grace de se remettre sus pié, qu’il me tesmoygneroit la bonne volonté qu’il avoit pour moy ; et ainsy Scanevelle le quitta, quy fut redire non ce qu’il avoit dit a L’Espinay, mais qu’il estoit entré dans la Bastille, qu’il avoit conferé avesques moy, et que je l’avois despesché vers Erlach pour le prier de ne rendre point Brisac au roy que prealablement je ne fusse mis en liberté. Je ne sçay aussy s’il dit cela, ou sy ce fut le pretexte que l’on prit d’escrire cette aspre lettre par laquelle le roy commandoit au sieur du Tramblay de me dire que cette action me rendoit criminel, que j’avouasse ce quy s’estoit traitté entre moy et ledit Scanevelle, et que, sy je manquois a le desclarer veritablement, je me mettois en un estrange estat ; finalement que je devois, pour satisfaire et reparer ma mauvaise conduitte, escrire une lettre de desaveu audit Erlach. Je ne fus point estonné[1] lors que je vis cette lettre, n’ayant jamais veu, connu, ny pratiqué ce Scanevelle et ne sçachant ce que c’estoit. J’escrivis sur ce sujet a Mr des Noyers pour en asseurer le roy et Son Eminence et escrivis aussy a Erlach conformement a ce que la lettre du roy portoit, et quelques jours apres, ayant sceu ce que ce Scanevelle avoit dit a L’Espinay, je l’escrivis encores a Mr des Noyers ; ce que j’ay voulu desduire tout au long affin de faire voir a combien de diverses facheuses rencontres est sujet un homme quy est dans

  1. Effrayé.