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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/37

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journal de ma vie.

ne sont plus sujets de la France, et que le roy destruiroit le droit qu’il a sur cette republique. Il n’en fallut pas dire davantage au roy pour [le porter a][1] ne leur pas permettre qu’ils parlassent couverts a luy, de sorte qu’il commanda à Mr de Harbaut de leur dire qu'ils ne l’entreprissent pas.

Le jeudy 26me, comme j'estois cheux le roy, on me vint dire que Mr le nonce Bagny m’attendoit a mon logis : je m'y en allay aussy tost l’y trouver. Il me dit en sustance que Sa Sainteté avoit en tres particuliere recommandation la republique de Gesnes ; qu’Elle luy avoit ordonné de prendre soin de ses interets, et de moyenner que cette ambassade qu’elle avoit envoyée au roy fut bien receue, là ou elle prevoyoit qu’elle y recevroit un signalé affront par le desny que l'on leur faisoit de se couvrir a l'audience, ce quy estoit contre toute equité et rayson, attendu que le precedent ambassadeur que cette republique avoit envoyé vers Sa Majesté, le roy l’avoit fait couvrir ; que c’est une grande republique quy a rang avant tous les princes d'Italie apres les rois immediattement avec Venise ; et plusieurs autres choses qu’il m’allegua. Il me dit qu’il en venoit de faire instance a monsieur le cardinal, quy luy avoit promis d’accommoder cette affaire, mais que pour en avoir la decisive, il ne devoit pas en estre promoteur ; que je serois tres propre pour entamer l'affaire, et qu’il me pouvoit dire de sa part que j'eusse a le faire, comme ledit nonce m’en prioit aussy instamment, m’asseurant qu’outre l'obligation que m'en auroit laditte republique, Sa Sainteté m’en sçauroit un

  1. Inédit.