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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/38

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1629. avril.

tres grand gré. Je luy respondis que je tiendrois a grand honneur de rendre ce petit service a Sa Sainteté et a cette republique ; mais que je craignois de n’y estre pas propre attendu que je m’en estois desja ouvert au roy quy avoit pris le contraire avis, que l’on luy avoit donné, en meilleure part que le mien ; que Sa Majesté estoit opiniatre quand il avoit une fois mis une chose en sa teste, et prompt a se mettre en colere contre ceux quy luy contestent, et qu'apres luy avoir dit cela j'offrois à S. S. Illme[1] de faire ce qu’il me commandoit, et que j'irois du mesme pas trouver monsieur le cardinal pour sçavoir la forme et l’ordre que j'avois a tenir en cette affaire : et ainsy me separay de luy et allay trouver monsieur le cardinal, lequel me dit qu’il falloit que je fisse cette ouverture et qu'il me seconderoit bien ; qu’il feroit que les mareschaux de camp et Bulion suivroint mon avis, et que Mr de Chasteauneuf appuyeroit foiblement le sien.

Sur cette asseurance je m’en vins l’apres disner au conseil ou nous despeschames forces affaires, apres lesquelles Mr de Harbaut dit au roy qu'il avoit veu l'ambassadeur de Gesnes, ensemble leurs papiers, par lesquels ils faisoint apparoir s’estre autrefois couverts ; et qu’ils ne demandoint point audience sy ce n’estoit a cette condition. Le roy s'opiniatra fort, et vis que j'aurois a faire a forte partie. Allors monsieur le cardinal luy dit : « S'il vous plait, Sire, d'en prendre les avis de ces messieurs, apres quoy vous jugerés vous mesme ce qu'il vous plaira. » Allors le roy com-

  1. Sa Seigneurie illustrissime. — Il y avait aux précédentes éditions : Sa Sainteté.