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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/69

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journal de ma vie.

le lendemain, j'ouvrirois la guerre, quy leur feroit plus de dommage qu'a moy quy en vivois comme de mon mestier. Il leur prit ce jour là une bonne humeur, verifierent l'edit et me l’envoyerent par leur premier huissier quy me trouva a Villemur ou j’estois venu[1], pensant y trouver monsieur le cardinal : mais il estoit demeuré un peu malade a Saint Geri[2]. Ceux de Montauban jurerent la paix, firent des feux de joye et tirerent leurs canons, et une heure apres ils receurent par le Plessis Pralain, que je leur envoyay, l'edit de paix verifié dont ils furent fort satisfaits.

Le samedy 18me j’arrivay a Montauban[3]. Ceux de la ville me receurent avesques grande joye : ils me donnerent les ostages que je voulus, que j'envoyay a Villemur dans le chasteau. Je fus le soir voir le nonce quy y estoit arrivé. Le premier president de Toulouse me vint voir, et en suitte le president de Montrave[4] envoyé du parlement pour saluer monsieur le cardinal.

  1. Suivant le Mercure françois, l’édit d’abolition aurait été vérifié seulement le 18, mais à la pointe du jour, de sorte qu'à midi la vérification était arrivée à Montauban. Il paraît que cette délibération précipitée eut Lieu le 17.
  2. Saint-Gery, sur le Tarn, à peu de distance de Rabastens.
  3. S'il fallait en croire le Mercure françois, le maréchal de Bassompierre ne serait entré à Montauban que le 20 août, et le cardinal de Richelieu le 21, ce qui remettrait au 23 le départ de ce dernier. Le récit circonstancié du maréchal rectifie toutes ces dates. Il fixe également au 22 la date d’une lettre écrite par le cardinal à M. de Nogent (Lettres du cardinal de Richelieu, t. III, p. 415).
  4. Philippe de Bertier, seigneur de Montrabe, président au parlement de Toulouse. Son fils, Jean de Bertier, seigneur de Montrabe, fut premier président au même parlement.