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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/82

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1630. janvier.

leur permit d'entendre aucune condition de paix, je ne pouvois comprendre a quel dessein on pouvoit refuser l'offre de Mr le prince de Piemont de se venir abboucher avec monsieur le cardinal ; que c’estoit un prince affectionné a la France, beau frere du roy, quy venoit de cinquante lieues avec peril mesme de sa personne, par un rigoureux temps d’hiver, chercher monsieur le cardinal pour luy proposer des choses quy pouvoint estre utiles aux presentes affaires et au service du roy ; que, sy ses propositions n’estoint de cette qualité, monsieur le cardinal ne les accepteroit pas, et n’auroit perdu aucun temps de s’acheminer ou les commandemens du roy l’appelloint, ne s’escartant aucunement de son chemin, et montrant a tout le monde qu’il estoit prest d'accepter toutes conditions honorables, comme aussy de rejetter celles qu’il ne jugeroit pas avantageuses pour le roy ; qu’il apparoistra que ce sont les Espagnols quy ont de l’avidité a procurer la paix puis qu’ils pratiquent monsieur le prince pour la moyenner, lequel vient cinquante lieues au devant du general de l’armée du roy pour l’arrester, et son armée, par un acquiescement aux volontés de Sa Majesté ; que cette veue ne peut causer d’amusement ou de retardement a monsieur le cardinal puis qu’il ne s’escarte point de sa routte, que son armée ne s’arrestera pas d’une seule heure, et qu’il ne sejournera au Pont de Beauvoisin qu’autant qu’il faudra pour escouter et respondre, conclure ou refuser la paix que l’on vient au devant de luy pour luy presenter et offrir, par les mains d’un tel prince et sy proche allié de Sa Majesté ; que je n’appercevois point en quoy consistoit cette gloire espagnole que Mr de Chomberg avoit exa-