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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/83

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journal de ma vie.

gerée, et qu’elle me paroist plustost gloire a la France, que l’on luy vienne offrir sur ses frontieres tout ce que l'on luy pourroit accorder quand il seroit avec une puissante armée au milieu de l’estat de Milan, et que Mr de Chomberg devoit plustost nommer prevoyance espagnole, que gloire, de venir au devant de ses ennemis, et les appaiser et arrester avec des equitables et justes conditions, et que je ne consentois pas seulement qu’ils desirassent la paix autant que nous, mais bien davantage, puisqu'ils nous l’envoyoint requerir et demander jusques dans nos propres estats ; que finalement nous ne devions point desirer une plus ample desclaration de Mr de Savoye, puis que nous nous estions contentés de celle qu’il nous avoit offerte l’année passée, assavoir que, sy nous voulions entrer en guerre ouverte avec le roy d’Espaigne, il suyvroit nostre party et le fortifieroit de dix mille hommes de pié et de deux mille chevaux qu’il offroit au roy pour employer a cet effet ; que sy nous ne nous voulions point desclarer ouvertement, qu’il n’estoit pas convenable a luy quy avoisinoit le duché de Milan et quy avoit l’honneur d’estre cousin germain du roy catholique[1] de faire aucune demonstration contre luy ; que j’avouois bien que le Pont de Beauvoisin separoit la France de la Savoye, mais que Mr le prince de Piemont franchiroit ce pas et entreroit dans la France pour traitter avec monsieur le cardinal, lequel a mon avis ne ravalleroit rien de sa dignité ny de la majesté du roy, d'y venir trouver Mr le prince de Piemont,

  1. Charles-Emmanuel, par son mariage avec Catherine d’Autriche, était oncle du roi Philippe IV.